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l’académie française au XVIIe siècle.

ques-uns ne souffrent pas que Corneille, le grand Corneille, lui soit préféré ; quelques autres qu’il lui soit égalé : ils en appellent à l’autre siècle ; ils attendent la fin de quelques vieillards, qui, touchés indifféremment de tout ce qui rappelle leurs premières années, n’aiment peut-être, dans Œdipe ; que le souvenir de leur jeunesse. » Qu’on juge de l’effet produit par ces paroles dans une assemblée où ces vieillards étaient si nombreux, où siégeaient le frère et le neveu de Corneille, qui se regardaient comme les gardiens de sa gloire !

On savait bien que Bossuet, le protecteur le plus déclaré de La Bruyère, ne serait pas oublié. Il en a fait un éloge qu’il faut citer tout entier, quoiqu’il soit connu de tout le monde. « Que dirai-je de ce personnage qui a fait parler si longtemps une envieuse critique, et qui l’a fait taire, qu’on admire malgré soi, qui accable par le grand nombre et par l’éminence de ses talents ? Orateur, historien, théologien, philosophe, d’une rare érudition, d’une plus rare éloquence, soit dans ses entretiens, soit dans ses écrits, soit dans la chaire ; un défenseur de la religion, une lumière de l’Église, parlons d’avance le langage de la postérité, un Père de l’Église. Que n’est-il point ?