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l’académie française au XVIIe siècle.

académiciens, entouré de ses courtisans. Le chef de la députation, en grand manteau, le harangue, et le roi paraît l’écouter avec un très vif intérêt. Le Mercure nous a conservé sa réponse, pleine de cette bonne grâce qui ne lui fît jamais défaut dans ses rapports avec l’Académie : « Messieurs, dit-il, voici un ouvrage attendu depuis longtemps. Puisque tant d’habiles gens y ont travaillé, je ne doute point qu’il ne soit très beau et très utile pour la langue. Je le reçois agréablement ; je le lirai à mes heures de loisir et je tâcherai d’en profiter. »


V

À ce moment l’Académie française était dans tout son éclat. Si l’on se demande à quelle époque de son existence elle a contenu à la fois le plus d’hommes distingués, je crois bien qu’il faudra répondre que c’est à la fin du xviie siècle, et pour fixer une date plus précise, en 1603, quand elle a reçu La Bruyère. Elle avait sans doute perdu Corneille et Colbert, mais elle possédait encore Bossuet, Fléchier, Fénelon, Racine, La Fontaine, Boileau, et, au-dessous d’eux, le savant évêque