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l’académie française au XVIIe siècle.

lettres, quand éclata l’affaire de Furetière, qui amena de nouveaux retards. Elle a fait tant de bruit à cette époque et elle est si peu connue aujourd’hui que je ne puis me dispenser d’en dire un mot.

Furetière était de l’Académie depuis 1662 et travaillait avec ses confrères au dictionnaire commun, quand l’idée lui vint d’en faire un pour son compte. Il voudrait bien nous persuader qu’il n’avait d’autre dessein que d’être utile au public et de lui donner un ouvrage dont on avait besoin. Mais comme il avoue quelque part « qu’il était un peu incommodé d’argent » et qu’il reproche à ceux qui arrêtent son dictionnaire de frustrer ses créanciers, on peut soupçonner qu’il voyait dans la publication de son livre une bonne affaire qui l’aiderait à sortir d’une situation embarrassée. Sa grande excuse, sur laquelle il revient sans cesse, c’est que son dictionnaire était entièrement différent de celui de l’Académie. Elle n’a jamais eu la prétention de mettre dans le sien tous les mots de la langue ; de parti pris, elle en exclut les termes techniques, ceux qui concernent spécialement les arts, les sciences, les métiers, et ne sont pas entrés dans la langue commune. Ce sont ceux--