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l’académie française sous l’ancien régime.

accidents. Il pouvait se faire que celui qu’aurait choisi l’Académie fût renvoyé, comme Fouquet, et sa disgrâce serait retombée sur tous ceux qui s’étaient mis à son ombre. D’ailleurs, il est bon que le protecteur ne soit pas trop près du protégé ; il pèse moins sur lui s’il est placé à quelque distance. Un roi, par sa situation même, est plus étranger qu’un autre aux mesquines jalousies et aux basses intrigues, il plane au-dessus des coteries, il a moins d’amis et d’adversaires, et son indifférence garantit son impartialité. Les élections n’étaient pas entièrement libres, sous les deux premiers protecteurs. Richelieu avait dit sans doute aux amis de Conrart « qu’ils pouvaient augmenter leur compagnie ainsi qu’ils le jugeraient à propos » ; mais eux, qui le connaissaient bien, avaient grand soin de ne choisir que des gens qu’il aimait. Une seule fois, ils y manquèrent[1] et le protecteur fut de si méchante humeur qu’on se promit bien de ne plus recommencer. Séguier était moins exigeant que l’impérieux cardinal. Il mettait plus de forme dans

  1. Au sujet de l’élection de Porchère Laugier, « qu’il regardait comme un homme qui avait eu de l’attachement avec ses plus grands ennemis ».