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l’académie française sous l’ancien régime.

à tous les partis, avaient pris l’habitude de la tourner en ridicule, et non contents de se moquer d’elle, ce qui est toujours aisé, ils lui adressaient des reproches plus sérieux et lui trouvaient de graves défauts. Le grand public au contraire lui restait favorable ; on continuait à lui savoir gré de ce qu’elle avait fait pour le succès des idées nouvelles. Mais tout d’un coup, au moment même où ces idées triomphent, un changement semble se faire dans l’opinion. On se détache de l’Académie, on oublie les services qu’elle a rendus, on lui devient si hostile que lorsqu’elle est attaquée, menacée de mort, elle n’a plus personne qui la défende ; finalement il arrive que, tandis que la monarchie avait songé à la détruire, l’accusant d’être trop républicaine, c’est la République qui la supprime, comme une institution monarchique. D’où a pu venir ce revirement inattendu ? Quels prétextes en a-t-on donnés et quelles en sont les causes réelles ? Il faut essayer de s’en rendre compte.