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II

LA VIE PRIVÉE DE CICÉRON

I

Ceux qui ont lu la correspondance de Cicéron avec Atticus, et qui savent quelle place les questions d’argent tiennent dans ces confidences intimes, ne seront pas surpris que je commence l’étude de sa vie privée en cherchant à me rendre compte de l’état de sa fortune. La richesse était une des plus grandes préoccupations des gens d’alors, comme de ceux d’aujourd’hui, et c’est par là peut-être que ces deux époques, qu’on a pris tant de fois plaisir à comparer, se ressemblent le plus.

Il faudrait avoir conservé les registres d’Éros, l’intendant de Cicéron, pour pouvoir dresser d’une manière exacte le budget de son ménage. Tout ce que nous savons avec certitude à ce sujet, c’est que son père ne lui avait laissé qu’une fortune très médiocre, et qu’il l’augmenta beaucoup, sans pouvoir dire précisément à quelle somme elle s’élevait. Ses ennemis avaient coutume de l’exagérer, pour faire naître quelques soupçons sur la façon dont il l’avait acquise, et il est probable en effet que, si nous en savions le chiffre, il nous paraîtrait considérable ; mais il faut bien se garder de l’apprécier avec les idées de notre temps. La richesse n’est pas quelque chose d’absolu ; on est riche ou l’on est pauvre suivant