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œuvre mérite tous les éloges qu’on lui a prodigués. En coordonnant ensemble tout ce que la république avait créé de pratiques sages, de règlements utiles, en remettant en vigueur les traditions perdues, en créant lui-même des institutions nouvelles pour l’administration de Rome, le service des légions, le maniement des finances, le gouvernement des provinces, il a organisé l’empire et l’a ainsi rendu capable de résister aux ennemis du dehors et aux causes de dissolution intérieure. Si malgré un régime politique détestable, l’abaissement général des caractères, les vices des gouvernants et des gouvernés, l’empire a eu encore de beaux jours et a duré trois siècles, il le doit à la puissante organisation qu’il avait reçue d’Auguste. Voilà la partie vraiment vitale de son œuvre. Elle est assez importante pour justifier le témoignage qu’il se rend à lui-même dans cette phrase si fière de l’inscription d’Ancyre : « J’ai fait des lois nouvelles. J’ai remis en honneur les exemples de nos aïeux qui disparaissaient de nos mœurs, et j’ai laissé moi-même des exemples dignes d’être imités par nos descendants. »

III

D’est sans doute vers le milieu de ce règne, au moment où celui qui était le maître absolu de la république feignait de rendre le gouvernement au peuple et au sénat, que parurent les lettres de Cicéron. On ignore la date exacte de leur publication ; mais tout porte à croire qu’il faut la placer dans les années qui suivent la victoire d’Actium. Le pouvoir d’Auguste, devenu plus populaire depuis qu’il s’était fait plus modéré, se sentait alors assez fort pour laisser quelque liberté d’écrire. Avant cette époque, il était défiant, parce qu’il n’était