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des victoires remportées en Espagne et sur les Dalmates, les étendards qu’avaient perdus plusieurs généraux. J’ai forcé les Parthes à rendre les dépouilles et les drapeaux de trois armées romaines, et à venir humblement demander notre amitié. J’ai fait placer ces drapeaux dans le sanctuaire de Mars vengeur. » On comprend aussi qu’il parle avec complaisance des campagnes contre les Germains, en ayant soin toutefois de taire le désastre de Varus, et qu’il tienne à conserver le souvenir de ces lointaines expéditions, qui frappèrent si vivement l’imagination des contemporains, « La flotte romaine, dit-il, a navigué depuis l’embouchure du Rhin, en se dirigeant du côté où le soleil se lève, jusqu’à ces pays éloignés où aucun Romain n’avait encore pénétré ni par terre ni par mer. Les Cimbres, les Charydes, les Semnons et d’autres peuples germains de ces contrées ont fait demander par des ambassadeurs mon amitié et celle du peuple romain. Par mes ordres et sous mes auspices, deux armées ont été envoyées presque en même temps en Arabie et en Éthiopie. Après avoir vaincu plusieurs nations et fait beaucoup de prisonniers, elles sont arrivées, en Éthiopie, jusqu’à la ville de Nabata, et en Arabie, jusqu’aux frontières des Sabéens et à la ville de Mariba. »

Mais quelque intérêt qu’on puisse trouver à ces souvenirs historiques, ce n’est pas par là que le monument d’Ancyre est surtout curieux. Sa véritable importance est dans ce qu’il nous apprend du gouvernement intérieur d’Auguste.

Ici encore il y a des réserves à faire. Les politiques ne sont guère dans l’usage d’afficher sur les murailles des temples les principes qui les dirigent, et de livrer aussi généreusement au public les secrets de leur conduite. Il est évident qu’Auguste, qui écrit ici pour tout le monde, n’a pas tout voulu dire, et que si l’on veut savoir l’exacte vérité et connaître à fond l’esprit de ses institutions, il