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nouvelle de la traduction grecque, qui éclaircit le latin et le complète[1]. Grâce à lui, à l’exception de quelques lacunes de peu d’importance, l’inscription est aujourd’hui complète et se lit d’un bout à l’autre. Nous pouvons donc en saisir l’ensemble et nous permettre de la juger.

  1. Exploration archéologique de la Galatie, etc., par MM. Perrot, Guillaume et Delbet. Paris, 1863. Didot. — Comme les Galates parlaient grec et comprenaient mal le latin, pour mettre à leur portée le récit d’Auguste, tandis qu’on avait installé dans le temple même, à la place d’honneur, le texte officiel, on en avait placé la traduction au dehors, où tout le monde pouvait la lire. Mais le dehors du temple n’a pas été plus respecté que l’intérieur. Les maisons turques se sont serrées contre les murailles, enfonçant sans façon leurs poutres dans le marbre et se servant de cette solide maçonnerie pour appuyer leurs cloisons de brique et de boue. Il a fallu toute l’habileté de M. Perrot et de M. Guillaume, son compagnon, pour pénétrer dans ces maisons peu hospitalières. Une fois entrés, ils rencontrèrent des difficultés plus grandes encore. Il fallut démolir des murs, enlever des poutres, soutenir des toits pour parvenir à la muraille antique. Ce n’était rien encore. Cette muraille était martelée et fendue, noircie par la terre et la fumée. Comment déchiffrer l’inscription qui la couvrait ? Il fallut demeurer des semaines entières dans des appartements infects et obscurs, ou dans la paille d’un grenier, travaillant à la bougie, faisant jouer en tous sens la lumière sur la surface du marbre, arrachant enfin, et, pour ainsi dire, conquérant ainsi chaque lettre par des efforts inouïs de courage et de persévérance. Ce pénible travail a été payé d’un succès complet. Sur 19 colonnes dont se composait le texte grec, le voyageur anglais Hamilton en avait copié cinq en entier et les fragments d’une autre ; M. Perrot nous en rapporte douze entièrement nouvelles. Une seule, la neuvième, n’a pu être lue ; elle était derrière un gros mur mitoyen qu’il n’a pas été possible de faire abattre. Ces douze colonnes, quoique fort maltraitées par le temps, comblent une grande partie des lacunes du texte latin. Elles nous font connaître des paragraphes entiers dont il ne restait pas de traces dans l’original ; et même pour les passages où le latin était mieux