rances de son ami, et après quelques hésitations il refusa d’écrire. Du reste, les illusions de Brutus ne furent pas longues. Antoine l’avait devancé auprès de César. Antoine, qui par ses folies venait de troubler la tranquillité de Rome, avait beaucoup à se faire pardonner ; mais il savait bien le moyen d’y parvenir. Pendant que Brutus essayait de rapprocher César des républicains et croyait y avoir réussi, Antoine, pour fléchir son maître, flattait ses désirs les plus chers, et sans doute faisait luire à ses yeux cette couronne tant convoitée. La scène des lupercales fit voir clairement qu’Antoine l’avait emporté, et il ne fut plus possible à Brutus de douter des intentions de César. À la vérité, le plan d’Antoine ne réussit pas cette fois : les cris de la foule, l’opposition de deux tribuns, forcèrent César à refuser le diadème qu’on lui offrait ; mais on savait bien que cet échec ne l’avait pas découragé. L’occasion n’était que remise et allait se représenter. À propos de la guerre contre les Parthes, on devait apporter au sénat un vieil oracle sibyllin qui disait que les Parthes ne seraient vaincus que par un roi, et demander ce titre pour César. Or, il y avait dans le sénat trop d’étrangers et trop de lâches pour que la réponse fût douteuse. C’est le moment que choisit Cassius pour révéler à Brutus la conjuration qui se tramait et l’en faire le chef.
Cassius, dont le nom devient, à partir de ce moment, inséparable de celui de Brutus, formait avec lui un contraste complet. Il avait gagné une grande réputation militaire en sauvant les débris de l’armée de Crassus et en chassant les Parthes de la Syrie ; mais en même temps on l’accusait d’être ami du plaisir, épicurien de doctrine et de conduite, avide de pouvoir, et peu scrupuleux sur les moyens de l’acquérir. Comme presque tous les proconsuls, il avait pillé la province qu’il gouvernait ; on disait que la Syrie ne s’était guère bien trouvée d’avoir été