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plaisir avant tout, il n’aimait pas seulement le pouvoir pour l’exercer, mais pour en jouir ; il ne se contentait pas du solide de l’autorité souveraine, il en voulait aussi les dehors, l’éclat qui l’entoure, les hommages qu’elle exige, la pompe qui la relève, et même le nom qui la désigne. Ce titre de roi qu’il souhaitait avec ardeur, il n’ignorait pas à quel point il effrayait les Romains : mais sa hardiesse se faisait un plaisir de braver de vieux préjugés, en même temps que sa franchise trouvait sans doute plus loyal de donner au pouvoir qu’il exerçait son nom véritable. Cette conduite de César eut pour résultat de dissiper toutes les obscurités. Grâce à elle, il n’y avait plus d’illusion ni de malentendu possibles. La question se trouvait posée, non pas entre deux ambitions rivales, comme au temps de Pharsale, mais entre deux gouvernements contraires. Les opinions, comme il arrive, se précisèrent l’une par l’autre, et la prétention, qu’avouait hautement César, de fonder une monarchie amena la création d’un grand parti républicain.

Comment, dans ce parti, les plus hardis, les plus violents eurent-ils l’idée de s’unir et de s’organiser ? De quelle manière arriva-t-on, de confidence en confidence, à former un complot contre la vie du dictateur ? C’est ce qu’il est impossible de bien savoir. Il semble seulement que la première idée du complot ait été conçue à la fois dans deux camps tout à fait opposés, parmi les vaincus de Pharsale, et, ce qui est plus surprenant, parmi les généraux mêmes de César. Ces deux conspirations étaient probablement distinctes à l’origine, et chacune agissait pour son compte : tandis que Cassius avait songé à tuer César sur les bords du Cydnus, Trébonius avait été sur le point de l’assassiner à Narbonne. Elles finirent plus tard, on ne sait comment, par se rejoindre.

Tout parti commence par se chercher un chef. Si l’on