Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La génération nouvelle ne remontait pas plus loin que César. Les premiers bruits qu’elle avait entendus étaient les acclamations qui saluaient le vainqueur de Pharsale, de Thapsus et de Munda ; le premier spectacle qui avait frappé ses yeux était celui des proscriptions. Elle avait grandi parmi les pillages et les massacres. Pendant vingt ans, elle avait tremblé tous les jours pour ses biens ou pour sa vie. Elle avait soif de sécurité ; elle était prête à tout sacrifier au repos. Rien ne l’attirait vers le passé, comme les contemporains de César. Au contraire, tous les souvenirs qu’elle en avait gardés ne faisaient que l’attacher davantage au régime sous lequel elle vivait, et quand par hasard elle tournait les yeux en arrière, elle y trouvait beaucoup de sujets d’épouvante sans aucun sujet de regret. C’est seulement à ces conditions que le pouvoir absolu devait être le tranquille héritier de la république.