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combattent les passions du jour. Si l’on cite à tout propos les noms de César et de Pompée, de Caton et de Brutus, il ne faut pas que ces grands hommes soient trop fiers de cet honneur. La curiosité qu’ils excitent n’est pas tout à fait désintéressée, et quand on parle d’eux, c’est presque toujours pour aiguiser une épigramme ou assaisonner une flatterie. Je veux me garder de ce travers. Ces illustres morts me semblent mériter mieux que de servir d’instruments aux querelles qui nous divisent, et je respecte assez leur mémoire et leur repos pour ne pas les traîner dans l’arène de nos discussions journalières. Il ne faut jamais oublier que c’est outrager l’histoire que de la mettre au service des intérêts changeants des partis, et qu’elle doit être, suivant la belle expression de Thucydide, une œuvre faite pour l’éternité.

Une fois ces précautions prises, pénétrons, avec les lettres de Cicéron, dans la société romaine de cette grande époque, et commençons par étudier celui qui s’offre, de si bonne grâce, à nous en faire les honneurs.