Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cipaux événements politiques sèchement résumés et un procès-verbal succinct des assemblées du peuple. Ses messagers traversaient sans cesse la Gaule, lui apportant des correspondances exactes et pleines des plus minutieux détails. « On lui raconte tout, disait Cicéron, les petites choses comme les grandes[1]. » Ces nouvelles, impatiemment attendues, commentées avec complaisance, devaient faire l’objet ordinaire de ses entretiens avec ses amis. Je suppose qu’à cette table somptueuse dont j’ai parlé, après qu’on avait discuté de littérature et de grammaire, entendu les vers de Matius ou de Quintus, c’était de Rome surtout qu’il était question, et que cette jeunesse élégante qui en regrettait les plaisirs ne se lassait pas d’en parler. Certes, si l’on avait alors entendu tous ces jeunes gens causer entre eux des derniers événements de la ville, des désordres politiques, ou, ce qui les intéressait davantage, des scandales privés, rapporter les derniers bruits qui avaient couru et citer les bons mots les plus récents qu’on avait grand soin de leur transmettre, on aurait, eu beaucoup de peine à se croire au cœur du pays des Belges, prés du Rhin ou de l’Océan et à la veille d’une bataille ; j’imagine qu’on se serait figuré plutôt qu’on assistait à une réunion de gens d’esprit dans quelque aristocratique maison du Palatin ou du riche quartier des Carènes.

Les lettres de Cicéron nous rendent encore un autre service. Elles nous font comprendre quel effet prodigieux les victoires de César produisaient à Rome. Elles excitaient autant de surprise que d’admiration, car elles étalent des découvertes en même temps que des conquêtes. Que savait-on avant lui de ces pays lointains ? Quelques fables ridicules que les marchands rapportaient à leur retour pour se donner de l’importance. C’est

  1. Ad Quint., III, 1.