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traire comme Fabius Maximus et Servius Galba, portaient des noms illustres ; c’étaient des partisans qu’il se faisait par avance dans l’aristocratie ou des otages qu’il prenait sur elle. Les plus nombreux, Crassus, Plancus, Volcatius Tullus, Décimus Brutus, et plus tard Pollion, étaient des jeunes gens qu’il traitait avec une préférence marquée, et auxquels il se fiait volontiers pour les entreprises hasardeuses. Il aimait la jeunesse par une sorte de goût naturel, et aussi par politique : comme elle n’était encore engagée dans aucun parti et qu’elle n’avait pas eu le temps de s’attacher à la république en la servant, il espérait qu’elle aurait moins de peine à se façonner au régime nouveau qu’il voulait établir.

Ces lieutenants, dont le nombre variait, ne formaient pas seuls le cortège ordinaire d’un proconsul. Il faut y joindre cette foule de jeunes Romains, enfants d’illustres maisons, désignés d’avance aux honneurs par leur naissance, qui venaient faire sous lui l’apprentissage de la guerre. On les appelait ses camarades de tente, contubernales. Soldats comme les autres et payant de leur personne les jours de bataille, ils redevenaient après le combat les amis, les compagnons du chef, qu’ils suivaient dans toutes ses expéditions, comme les clients accompagnaient leur patron dans la ville. Ils assistaient à ses entretiens, ils étaient de toutes ses récréations et de tous ses plaisirs, ils s’asseyaient à sa table, ils l’entouraient quand il siégeait sur son tribunal, ils formaient enfin ce qu’on appelait la cohorte, nous dirions presque la cour, du préteur (prœtoria cohors). C’était, disait-on, Scipion l’Africain qui avait imaginé ce moyen de relever l’apparence du pouvoir suprême aux yeux des peuples soumis, et après lui les gouverneurs avaient eu grand soin de conserver tout cet appareil qui ajoutait à leur prestige. Ce n’était pas tout, et à côté de ces