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ATTICUS


De tous les correspondants de Cicéron, aucun n’entretint avec lui un commerce plus long et plus régulier qu’Atticus. Leurs relations durèrent, sans interruption et sans nuage, jusqu’à leur mort. À la moindre absence ils s’écrivaient, et, quand c’était possible, plus d’une fois par jour. Ces lettres tantôt courtes, pour échanger un souvenir rapide, tantôt longues et raisonnées, quand les événements étaient plus graves, folâtres ou sérieuses, selon les circonstances, qu’on écrivait en toute hâte, où l’on se trouvait, ces lettres contenaient toute la vie des deux amis. Cicéron les a heureusement caractérisées quand il a dit : « C’était une conversation entre nous deux. » Malheureusement nous n’entendons plus aujourd’hui qu’un des deux interlocuteurs, et la conversation est devenue un monologue. En publiant les lettres de son ami, Atticus se garda bien d’y joindre les siennes. Sans doute il ne voulait pas qu’on pût lire trop à découvert dans ses sentiments, et sa prudence cherchait à dérober au public la connaissance de ses opinions secrètes et l’accès de sa vie intime ; mais il a eu beau vouloir se cacher, la volumineuse correspondance que Cicéron entretint avec lui suffit pour le faire connaître, et il est facile d’y prendre une idée exacte du personnage à qui elle