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vons le courant supérieur, légèrement infléchi vers le sud (suivant la loi de gyration), et soufflant vers l’est-sud-est ; il nous entraîne jusqu’à l’instant où nous nous abaissons pour opérer notre descente. Parvenus à 550 mètres au-dessus de la mer, nous retrouvons le courant inférieur qui nous envoie vers l’est-nord-est, de Mauvages à Thusey-Vaucouleurs où nous prenons terre. Avec quelques petites différences dans le sens de leur direction, ces deux courants superposés régnaient donc sur un espace considérable.

5o  Pendant tout le voyage la température et l’humidité relative ont toujours été très-élevées ; la température, qui d’abord avait baissé de 15 à 10 degrés centigrades au-dessus de zéro, est remontée à 20° près de Vitry, à 11 h. 15 m. Au-dessus des forêts elle descendait de plusieurs degrés, même à 1 400 mètres de hauteur. À Thusey-Vaucouleurs le thermomètre est monté à 24° à 3 heures. Entre 1 400 et 1 500 mètres nous n’avions pas moins de 19°.

Au départ, la rosée du matin a fait monter l’hygromètre jusqu’à 95° ; l’air était presque saturé, et il est toujours resté fort humide. Au-dessus des plaines desséchées de la Champagne il n’est descendu qu’à 62°, minimum observé. Quand nous étions à plus d’un kilomètre au-dessus des forêts elles refroidissaient l’atmosphère sans la rendre plus humide, mais à deux hectomètres au-dessus du sol leur influence était très-sensible, et l’hygromètre a passé brusquement de 67° à 72° en arrivant sur la forêt de Vaucouleurs. Au-dessus des nuages, à deux kilomètre d’élévation, l’air ne contenait pas moins des 71 centièmes de la quantité maxima d’humidité qu’il était alors capable de dissoudre, proportion énorme à une pareille hauteur.

6o  Quoique le ballon soit comparable à une molécule d’air immergée au milieu de couches de même densité, cependant, contrairement à l’immense majorité des observations antérieures, on peut quelquefois y éprouver des courants d’air et même un vent assez violent.

On voit combien est grand l’intérêt scientifique de ces excursions aériennes et quelle serait la variété des programmes qu’il y aurait à remplir si, au lieu de rester isolées, ces recherches faisaient un jour partie intégrante du champ d’études d’un observatoire national.