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pour arriver plus vite il a traversé la Meuse à gué. Un conducteur des ponts et chaussées lui succède ; monté sur une locomotive de service, il suivait le ballon depuis qu’il était en vue. Tous les habitants de Vaucouleurs sont charmants d’empressement et de sympathie, sans curiosité importune et sans arrière-pensée de gain. L’accueil est aussi cordial que désintéressé ; nous en avons gardé le meilleur souvenir et, au nom des quatre aéronautes, nous en exprimons notre reconnaissance à cette généreuse population lorraine.

Tout aurait bien fini, si un ouvrier n’avait eu la lumineuse idée de monter sur le Davy ; naturellement l’étoffe se creva et l’imprudent tomba au milieu du gaz d’où on le retira entièrement évanoui ; l’accident n’eut d’ailleurs aucune suite fâcheuse pour lui.

Jamais un ballon monté n’avait été vu à Vaucouleurs, aussi excitions-nous une curiosité énorme, mais l’intérêt que nous éveillions nous-mêmes était complètement effacé par celui qu’inspirait madame H… Les jeunes filles s’approchaient timidement pour toucher ses vêtements ou ses cheveux comme ceux d’un être surnaturel. Ayant distribué quelques grappes de raisin, les heureux possesseurs gardèrent le bois des grappes comme une relique.

Le lendemain nous allâmes à Domremy nous découvrir devant l’ancienne et naïve statue de Jeanne D’Arc, conservée pieusement dans l’humble et très-pauvre manoir où naquit celle que l’on a nommée depuis « la France incarnée… » Et, pendant que nous méditions, nous entendions le cliquetis des dreyses ; pleins de colère, de tristesse, de honte, de dégoût, nous voyions les Allemands maudits s’aligner devant sa maison… et Boissay se disait tout bas : Ô Jeanne, ange de la guerre, quand viendras-tu nous animer de ta force, nous remplir de ta vertu…

Résultats scientifiques. — 1o  On se rappelle que lors de la célèbre ascension de M. Dupuy de Lôme, le 2 février 1872, on a regardé comme un des résultats culminants de l’expérience d’avoir pu déterminer, au moment de la descente, le point où l’on allait atterrir, Mondescourt ; or, d’après la marche de l’aérostat, soigneusement pointée sur la carte, en passant sur Ligny, une heure et demie avant la fin du voyage, nous avons prévu que le ballon passerait tout près de Vaucouleurs — entièrement invisible encore — et nous avons choisi ce lieu pour y prendre terre. — Ce n’est pas la direction des aérostats, mais c’est au moins l’intelligence humaine substituant son action volontaire et réfléchie à l’aveugle hasard. Quelques observations fort simples à exécuter, mais conduites avec la persévérance et la rigueur