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Quand il arriva au coin de la rue du Faubourg-Poissonnière, où il demeurait, il se rappela que Gustave l’attendait à déjeuner, et au lieu de rentrer chez lui pour écrire à sa mère, comme il en avait l’intention, il prit le chemin de la place de la Bourse par les boulevards.

— Pourvu que ma lettre soit mise à la poste avant cinq heures, c’est tout ce qu’il faut, pensait-il. Et j’ai absolument besoin de voir Gustave, ce matin, pour lui raconter ce qui m’arrive et pour lui rappeler qu’il m’a promis d’être mon témoin contre le mauvais drôle qui m’a dénoncé, après m’avoir provoqué.

Onze heures venaient de sonner à l’horloge de la Bourse quand il arriva devant la porte du restaurant où il devait trouver son ami.

Il y avait déjà beaucoup de mouvement sur la place et il eut quelque peine à se démêler au milieu des voitures qui la traversaient dans tous les sens.

La salle vitrée où il entra n’était pas beaucoup moins bruyante que la place. Toutes les tables étaient occupées et il lui fallut louvoyer pour arriver à celle où était Gustave qui achevait une douzaine d’huîtres et qui lui dit :

— Mon cher, j’ai commencé sans toi, mais j’ai commandé pour deux… des côtelettes, des œufs brouillés aux truffes, et voici ta douzaine de Marennes. Assieds-toi, attaque-la et verse-toi de ce joli Grave. Je t’engage à mettre les morceaux doubles. Nous n’avons qu’une heure.

— Pourquoi donc es-tu si pressé ?

— Parce que c’est aujourd’hui la veille de la