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LE BOUDDHISME ORTHODOXE

d’être, dites-lui qu’il ment ; car il ne voit pas la lumière qui brille au-delà de la lampe brisée, il ne connaît pas la vie sans fin, la félicité que ne mesure plus le temps. » (The light of Asia by Edwin Arnold.)

La pitié énorme de Bouddha pour le monde, pitié qui en fait le premier des hommes, ne s’appuie que sur son horreur de la douleur. Pour fuir cette douleur, il veut qu’on s’exile de l’univers, qu’on s’arrache à toutes les sensations, qu’on se précipite dans l’abîme d’un néant qui est l’Extase. Mais cette fuite loin de l’Apparence et du monde, n’a rien d’égoïste, elle se fond en une miséricorde infinie pour tout ce qui vit, c’est-à-dire souffre — tout ce qui souffre est homme — et il enveloppe d’un même amour jusqu’aux animaux et aux plantes, ces sensibilités inférieures où dort l’humanité de demain.

Cet appel à une vie mystique dégagée de tout désir, nous le retrouvons dans l’Évan-