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LES PETITES RELIGIONS DE PARIS

lurent demeurer anonymes. Les Pharaons nous ont laissé leurs noms, mais les artistes, mais les savants, mais les philosophes, eux, pratiquèrent une discrétion absolue. Aussi le sacrifice de la personnalité de l’œuvrant a-t-il fait l’œuvre immortelle. On ne sait pas le nom de l’architecte de la grande Pyramide, du sculpteur du Sphinx de Giseh, pas plus qu’on ne peut attribuer à un nom précis le Pimanere, ces quelques pages divines, ou le livre des morts, qui est la plus haute révélation qui nous ait été faite sur l’au-delà ! Par ce côté encore, notre temps mesquin et égoïste reste bien en défaut ; nos artistes, nos écrivains, nos sages, sont préoccupés avant tout d’avoir une bonne presse et de laisser à la postérité une renommée sonore. Mais que restera-t-il de ces efforts isolés et vaniteux ? L’homme seul ne peut rien ; la solitude, c’est l’orgueil, — l’orgueil, c’est le néant et la ruine.