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LE SATANISME ET LA MAGIE

disaient les sorciers de Mantes), car le souffle démoniaque l’arme d’une puissance de griffe en vérité, de griffe qui serait aussi une gueule, avec des ongles qui seraient des dents, une langue qui serait un dard et vomissant une imprécation de feu et de soufre (Reinesius, médecin, qui le raconte, l’a vu).


III
LE VŒU À REBOURS


Voici l’heure où craque le purin dans la cour déserte des fermes ; ces âcres senteurs brouillent l’atmosphère d’un grouillement animé ; le ferment de la vie qui bientôt fécondera la terre, l’enrichira cette bonne terre, anémiée par les moissons, de force neuve, ce ferment palpite, bout, fume. On ne sait quelles exhalaisons, traînent, puissances ductilisables par la volonté dans l’abîme de l’air. Parmi les flaques éparses, dans l’interstice des moellons défoncés ou au creux d’un sol en pépie, c’est une pestilence qui n’enivre pas seulement les narines, mais qui — ô sortilège ! — « prend aux yeux »… Vous souriez un peu de dégoût, beaucoup de stupeur. Vous avez tort. Ces déjections de bêtes et d’une population animale, instinctive, n’ayant presque pas d’âme, — physiologique uniquement — nourrissent la rustique atmosphère d’une énergie épaisse où le sorcier-berger, le « montreur d’ours » le « mendiant qui sait voir[1] » va contracter avec LUI — ô

  1. Le mendiant « qui sait voir » — type dangereux, nomade essentiellement satanique, car Satan c’est la misère avant que d’être la révolte — est redouté dans les campagnes lointaines. Vieux rôdeur hâve, de porte