Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
LE SORCIER

Le sorcier est reconnaissable, marqué, là où le démon l’a jugé bon, afin que sans arrêt la griffe de son maître persiste, inoubliable sous la peau. Parfois on ne la voit point, car le démon l’a enfouie, cette marque, au dedans de la bouche, sous la langue, ou en quelque partie plus secrète ou plus impudique. Serre de vautour, d’épervier ou de hibou ; parfois griffe de chat, patte de chien ou de lièvre, souvenir sans doute de l’animal que fut le diable au moment du Sabbat. Quelquefois seulement marque bleuâtre et livide, insensible toujours, disent les démonographes, cicatrice close à jamais et qu’aucune main humaine n’élargira plus pour la souffrance. Promesse de l’enfer, mais avec cette restriction que l’infime partie du corps, porte et voie de l’exécration, sera sauvée de toute douleur terrestre. En effet, homme ou femme mis à nu, tripoté par des mains curieuses que déprave l’érotisme inconscient de l’exorciste ou du médecin, minutieusement flambé de toute pilosité confuse. — la victime sait que si l’indice l’a souvent livrée au supplice, il la préserve aussi dans le supplice, lui est un garant du pouvoir satanique, la protection sûre d’une égide. Les aiguilles s’enfoncent, le sang giscle, parfois le fer rouge fait fumer la chair, l’insensibilité garde l’étroite trace du diabolique baptême, insensibilité qui souvent gagne le sorcier tout entier, — car Satan est clément. D’aucuns attribuent cette aubaine à un breuvage, à un onguent. (De la poussière d’enfant mort, disent Del Rio et Springer.) Cependant la marque sacramentelle à elle seule suffit, symptôme de la bonne catalepsie, signe du don de « taciturnité » que l’Homme noir accorde à ses disciples.

Défense aussi cette griffe — la griffe de Martinette (comme