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LA SORCIÈRE

de la consolatrice à laquelle Michelet se pipa : « Votre mère est morte, pauvre petite… Mais je vous la montrerai ce soir en la crypte… nous sommes quelques personnes à peine… nul ne saura… on paie si peu… » Ou bien : « Il est parti, loin de vous, il avait promis cependant d’être fidèle… d’épouser peut-être… venez me voir, avec mes chapelets, mes prières, mes chandelles… il reviendra. » Plus bas encore : « Le mari vieux, sale… avare… oui… il y a le breuvage, le philtre… le cœur de mouton… le philtre est plus sûr… dans le café du matin. »

Basses et perfides manœuvres pas aussi éteintes qu’on voudrait le croire ; car l’ignorance est profonde, le vice aveugle et profond aussi. J’ai vu dans l’antichambre d’une somnambule (demi-sorcière seulement puisqu’elle se contente de raconter au consultant la vision qu’elle a de lui) un monde lunatique, cossu, pittoresque où d’illustres perverses coudoient des épouses de ministres, des agents d’affaires accostent des fils d’empereurs et de rois angoissés de leur décadence — et les actrices de la Comédie-Française. La femme a besoin de l’oracle. L’officine de ces voyantes inférieures recueille celles qui ne s’agenouillent pas au temple. Le vieux Satan, anonyme parfois, rafle toujours les hérétiques, les séparés, les dissidents. La femme ne se passera jamais, trompeuse ou trompée, du mystère.

Et même celles qui croient et pratiquent les cultes orthodoxes s’exaltent volontiers jusqu’à la superstition, n’osant, quand elles déraillent de la norme, s’adresser au confesseur pour le cas ambigu, louche : — afin de savoir s’il faut quitter cet amant pour un autre ou le garder… il répondrait : « il ne faut pas d’amant », — afin de connaître où placer tel argent soustrait ou frauduleusement gagné… il