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LE SATAMSME ET LA MAGIE

mées, la vêture sacramentelle du Dieu, se dissémine en glaives, en boucliers, en lances, en herses, en poisons. Dans le sommeil onctueux du sanctuaire s’agite un cauchemar belliqueux, une démence de massacre, un néronien vertige de destruction ; la vindicte arme l’Agneau du Sacrifice avec des cornes étincelantes de bouc, des dents de loup, des yeux irascibles de fauve.

Limitons-nous au catholicisme, si près de nous. On a dit que le Diable était sorti de toutes pièces de ses abjurations. Erreur enfantine ! Le Diable, l’esprit qui n’accepte pas, qui ne se plie pas, est éternel. Possible que les exorcistes aient sculpté l’effigie invisible du Diable, qu’ils aient creusé dans l’imagination des mécréants, la niche de leur saint ; mais l’exorcisme a sa raison d’être, son efficacité Lui seul encore peut guérir de terribles maux, assainir des marais d’âme, chasser d’incurables épidémies, devant lesquelles le médecin reste stupide, s’épouvante même d’une subite contamination. En nos jours abjects de sottise rationaliste, la possédée de Gif n’a trouvé qu’auprès du prêtre le repos et la santé. Parfois, il est vrai, l’ennemi éternel, au lieu d’être expugné de sa citadelle, accomplit une sortie triomphale contre l’assaillant, profite de la bataille offerte pour envelopper l’adversaire, le noyer d’une onde définitive, augmenter encore le domaine de Satan. Pas de quartier en cette farouche lutte. Si l’exorciste ne vainc pas, il ne risque pas seulement son âme, mais sa vie. Boullan racontait que la femme du directeur d’un grand journal catholique parisien, atteinte d’envoûtement, vit périr devant elle le dominicain qui, cherchant à la « désobséder », n’avait su se garer lui-même contre les forces hostiles.