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L’EXORCISME

avec la colère aussi de cet esprit insoumis qui en les ténèbres de l’âme culbute tout asservissement intellectuel, serait-il le plus noble.

Satan s’allie à l’inconscient indocile. Comme un vautour, qu’une proie excite, il fond sur ces débris, s’agrippe à ces noires convulsions. Elles ne s’en doutaient point, ces victimes involontaires, si préparées pourtant. « Énergumènes », tel est le nom qui les marque. Elles sont ses voyantes, ses instinctives prêtresses, les pythonisses de sa divinité illusoire. Les souffles mystérieux de la chair les gonflent, elles sont secouées d’inquiétudes hérétiques. Il ne leur a pas suffi d’être tentées et de succomber aux tentations ; les voilà la Tentation elle-même, qui les posséda d’un coup et dont elles crient. Démoniaques, elles le sont au point de s’identifier aux démons. Non plus des Damnées, mais l’Enfer en personne. Ames abolies, parois physiologiques seulement où bouillonne la géhenne, chaudrons où cuisent, ténèbres et flammes mêlées, les sophismes, les tortures, les imprécations, les sourires, les langues sanglantes des fausses révélations et les dents des turbulentes amours !

Chaque religion remonta de sa masse le fleuve révolutionnaire. Chacune nous a transmis les exorcismes divers ; mais la règle reste identique pour toutes. Le sacerdote devient le magicien qu’il doit renverser.

À sorcier, sorcier et demi. Les bibles se muent en manuels de goétie : chaque phrase revêt, semble-t-il, une superstitieuse et réelle puissance, les mots se groupent en conjurations, les prières sont barbelées de menaces. Une vertu secrète émane de la garde-robe hiératique ; un dictame presque physique coule des huiles saintes ; le pacifique arsenal où se fabrique parmi la patience et l’ombre parfu-