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LE SATANISME ET LA MAGIE

boire à la vieille amphore ou au jeune flacon. À la fenêtre elle le suit des yeux. Que fait-il l’ingrat ? il orne de guirlandes la nouvelle maison qui l’attire.

Cette fois, elle n’y tient plus. Bien sûr elle ne retournera pas chez la menteuse enchanteresse, elle l’enchantera elle-même avec ses philtres — ou elle mourra !

Elle mourra, comprenez-vous ? L’œuvre magique, sauf pour l’incurable et natif pervers, c’est la ressource suprême du désespéré, la prière sacrilège de qui se noie, le vœu au saint des causes quasi perdues…

Elle mourra… non ; l’égoïste instinct se réveille. Non, non, pas elle, mais lui, lui mourra.

« S’il m’outrage encore, décide-t-elle, il frappera à la porte de l’Hadès grâce à ces poisons que je garde dans un corbeille et que me remit un hôte assyrien. »

Ah ! philtre d’amour, philtre de haine ! Les deux envoûtements se regardent, fantômes aux yeux absents et sur leurs magiques écheveaux le ciseau des Parques pend.


La scène est dans l’impluvium à ciel ouvert. Un frais matin s’annonçant à peine dans le départ tout pâle de celle qui est tantôt Selène la sereine, tantôt Hécate la sanglante ; la terre, si grasse de germes, si avide matrice, voilà la complice, la bonne commère ; sur son flanc d’un pied rapide et inquiet l’infidèle reviendra. Merci, entremetteuse des prairies dont les plantes alanguissent, dont les arbres ombreux convoquent au baiser. Ton époux, le ciel, ce voluptueux infatigable qui pleut jusqu’au fond de ton sein, alternativement, des rayons et des larmes, il sourit dans sa barbe de nuages… Lui aussi, il aime qu’on