n’est plus nécessaire aux hommes de s’enfoncer dans les ténèbres et la douleur, mais qu’ils doivent ressusciter enfin pour saluer l’esprit de Manès qui est le Paraclet. » Puis regardant la pompe ecclésiastique éparse sur les marches et les dalles :
« Toi qui veux rappeler, par les dorures et par l’ampleur, qu’il y a des pouvoirs humains et des maîtres hiérarchiques, toi qui cèles l’auguste nudité seule agréable à Dieu et à la Dame, toi qui prétends faire croire, selon le mensonge de Pierre le faux apôtre, que l’exostérisme vaut mieux que l’ésotérisme, laisse à la chair glorieuse, — ô livrée qui n’est, malgré tes chamarrures, sur elle, que de l’ombre, — sa splendeur et sa lumière ! »
Le long silence semble troublé par le bégaiement de l’aurore aux vitraux ofiensés.
Et le prêtre, de la voix cadencée et monotone des incantations :
« Vie, écoute ; Mort, parle.
« Têtes puissantes vous qui fûtes l’Orient saluant l’Etoile d’Occident, Jésus annonciateur de Manès.
« Toi d’abord, Gaspard, ô très cruel, toi qui apportas, de l’or à nos pauvretés, livre-moi la sagesse de l’Avenir, apporte-moi le métal précieux du Conseil.
« Toi aussi, Melchior, vieillard orgueilleux, longue barbe semblable à la pâle Lune, toi qui offris l’encens à l’humilité, exalte ma sécheresse, fouaille ma lâcheté, enivre ma défaillance.
« Toi enfin, Balthazar, toi plus proche de moi, ô luxurieux ! tu aimas la reine de Sabba jusqu’à en mourir, aux pieds de la pureté tu répandis la myrrhe ; effréné la passion toute-puissante en mes sens rajeunis, marie-moi avec le