Office désespéré et morne, dépouillé d’alleluia, auquel il faut pardonner un peu pour sa dolence, ses rites fantomatiques, son indécision, son incertitude désolée, l’effort de son ombre ! Si le sabbat est joyeux jusqu’à l’immondice, la messe du sabbat est terne, décolorée, crépusculaire, comme édentée.
Michelet n’a pas saisi cet aspect du Diable d’être tout à coup sans force, reculé, obscur. Le Grand Nègre, le bon Bouc paillard, le phallus en éveil, la révolte des sens et de la liberté, voilà ce qu’il a vu, ce qui caractérise le sabbat, non point toute sa messe. Deux diables en effet, le dieu Pan, l’Incube, le drille solide et à point, dont le gabarit est le gouvernail du monde — puis le mélancolique fugitif, le plaignant qui n’a presque plus de voix, le forcené assis sur une pierre druidique, s’enlisant dans le rêve de son passé, vieillard qui renonce à la lutte, n’esquisse ses gestes sacrilèges qu’avec la lassitude des moribonds, n’existe plus que par le souvenir de lui-même, — plus guère que le monstre d’une image !