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LE SABBAT

cuire. Mais, est-ce pudeur, est-ce sentiment d’inaptitude à l’abominable science ? Il se garde en tout cas de les initier à ses redoutables arcanes. Dans un poème latin sur le sabbat, écrit par M. le président d’Espagnet, conseiller du Roy, et traduit par G. Guay, il est dit, non sans grâce :

Plusieurs enfants y vont comme on voit au printemps
Sur les plantes nouvelles
Les oiseaux par amour ensemble voletants.

Le Maître ténébreux a pitié de cette innocence qui cependant marche sûrement à la corruption ; il passe les enfants à travers la fumée et le feu, les hypnotise d’une main velue, rapide sur leurs yeux qu’il aveugle pour toute la durée de la cérémonie ; puis, leur ayant baillé à manger du pain de millet noir, il les envoie garder la théorie sacrée des crapauds au bord de la mare. Ces démons aquatiques, vêtus de vert, tintinnabulent de clochettes, jacassent un kabbalistique idiome, austère, profond, qui semble initier un peu leur rêveur petit gardien, saint Jean-Baptiste des moutons du Diable.


IV
LA DANSE ET LE BANQUET


Ici la danse est violente, passionnée, et non seulement elle enivre, elle est affreusement utile ! elle sauve du mal d’engendrer, elle déchire par la gambade le lien du fœtus, dès le ventre. La sorcière encore assez jeune pour perpétuer l’humanité, lui jette un fruit débile et sans forme, comme un défi rouge. Les hommes s’en excitent plus. Ces