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CHAPITRE PREMIER

LE SABBAT


L’humanité a besoin de délire ; elle se crispe et s’irrite de rester « humaine » ; elle convoite, elle espère un autre monde en ce monde déjà, un au-delà d’exaltation et de bienheureuse démence, son « là-bas », comme a dit Huysmans. Oui, l’humanité sent nécessaire la folie, pour se distraire autant que pour se grandir. Alors elle se prend à détester la torpeur quotidienne, l’esclavage, le labeur, les affaires, le sommeil, les vulgaires jouissances. L’Ennui féroce, pierre tumulaire qui l’écrase, elle le secoue en se tordant, écumante. L’humanité a sa crise bienfaisante et effroyable d’hystérie. C’est que l’Ennui stimule perpétuellement le monde. Bien plus que les vieilles injustices, bien mieux que l’antique colère, il galvanise en stupéfiant, il crée par la saturation de ses bromures, de ses sulfonals, une réaction d’épouvante épileptique. Les peuples n’ont jamais supporté de vivre normalement. Ils ont somnolé, mornes, puis se sont dressés, gesticulateurs, névralgiques. Au fond, ils n’aimèrent que la splendeur des convulsions ; et lorsque l’énergie leur manque, ils appellent l’influx de

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