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L’ÉVOCATION DU DIABLE

d’hostilité jusqu’à son nouveau refuge, le souterrain encore plus loin de la lumière et de la vie.

Allons, apprenti sorcier comique et peureux, suis le faiseur de tours ; Sancho Panza de ce don Quichotte aussi toqué mais moins chevaleresque, Faust de vingt ans conduit par le bout de sa vanité jusqu’au sabbat par un Méphistophélès vraiment de chair et d’os, mais encore plus besogneux. Tu portes ton paquet tandis que se dandine devant toi, avec sa seule besace, le prélat famélique du Diable. Lui tend çà et là dans la forêt de vieux chênes, sa badine de noisetier, qui oscille au pressentiment des métaux. Toi, tu geins, inhabitué à ce pèlerinage, traînant dans un panier tout l’arsenal d’épicerie pharmaceutique : une bouteille de réconfortant alcool, une tringle qui soulève le couvercle, des œufs au chaud humainement ensemencés et desquels jaillira un gambillement de bestioles ; un bocal de sang humain où dansent sans pouvoir s’arrêter de petites poupées en terre de pipe, comme ivres de retenir dans leur tête des graines de pavot ; un peu de farine pour épaissir le sang ; de l’alcool camphré qu’on brûlera afin d’écarter les congestions ; enfin cette mystérieuse plante, mal nommée mandragore, rappelant la rose de Biskra, boule emmaillotée d’appendices, velue et quasi vivante, quoique jaunâtre et sèche, qu’il faut surveiller de près, tant elle se plaît aux mystifications d’une fuite, surtout vers la laine des matelas, et qui dans l’eau ronfle comme un homme !

À ton poing gauche tu suspens avec délicatesse le plus précieux, le plus indispensable instrument du maléfice, le reptile dans sa cage de verre, serpent, lézard ou crapaud, la bôte qui rampe, la bête cyclique, symbole de la lumière

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