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LE SATANISME ET LA MAGIE


I
LE MAGE ET LE CHRIST


Le mage a récusé, malgré ses accommodements et ses respects, la doctrine du Christ.

Il s’enferme dans le cercle, symbole de son isolement, de son orgueil, de sa sélection, pour se concentrer et vaincre comme du fond de la citadelle visible de son égoïste moi. Sa main serre le glaive de la conquête et de la révolte. Sa baguette c’est le sceptre des vieux pharaons, le serpent rigide et haut, volonté divinisée commandant au serpent souple et rampeur, la faible et serve âme des hommes ; son couteau légitime l’immolation du plus faible ; sa robe le rehausse hiératiquement hors de son sexe, en la similitude des premières déesses. Et dans ses rituels il lit les confidences de son seul chef et ami, le dieu cruel des armées, des abîmes, des montagnes, le Dieu-Force qui, lui confiant ses noms vénérables et incompréhensibles, lui a transmis sa propre puissance sur les âmes et les éléments.

Nul n’a fait assez remarquer que Salomon est le père des magiciens ; ils semblent bien moins se soucier des prêtres de Khaldée ou d’Égypte, des Brahmes ; ils ne reconnaissent comme autorité indiscutable dans le champ pratique que ce roi despotique, amoureux effrénément, avide de domination dans les trois mondes et architecte de ses rêves ; — ne fit-il pas construire par les esprits ce temple duquel, même renversé, toute initiation même infernale se réclame ? Selon les légendes, il parvint par une tension de ses facultés à se passer de Dieu, à être Dieu — ou mieux le