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LE SATANISME ET LA MAGIE

repousse l’aumône, ou ne l’accepte qu’avec haine, ne veut pas des consolations ecclésiastiques : « le royaume de Dieu après la mort », il préfère le royaume du Diable sur la terre, croit en son titre d’homme, s’enorgueillit de ses loques (son corps comme ses vêtements en lambeaux), prétend penser, paresser, travailler, vivre à sa guise, sans prêtres, sans juge, sans roi.

Sans juge, surtout ! car, — devant le tribunal qui autrefois le vouait au fagot de l’hérétique, aujourd’hui le déporte ou le claquemure comme malfaiteur, — même lorsqu’il feint de s’amender, il darde l’arme qu’aucun assaut ne fait plier. Cette arme, fourbie à l’induration de son cœur que métallisèrent les tourments, c’est l’inamovible acuité de son regard.

Autrefois les juges en prenaient terreur, se trouvaient mal à l’aise sous la menace de cette impalpable épée. S’ils allaient faiblir, succomber sous le satanique influx ? Aussi ne permettaient-ils pas que le sorcier ou la sorcière les regardât le premier. Touchés, vaincus peut-être, ils auraient risqué d’être compatissants ; à la barre on introduisait le fascinateur, le dos tourné.

Yeux d’un gris froid qui fouille les ténèbres intérieures, yeux qui ont coutume de s’égarer là où les autres yeux ont peur, yeux de nyctalopes, yeux de voyant funèbre, yeux dont l’horizon visuel s’approfondrit au delà de l’humanité et de la vie. Zahorie, le sorcier voit la mort, comme les autres voient les vivants.