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L’AU DELA ET LES FORCES INCONNUES

— En effet. Mais il s’agit de le définir, c’est-à-dire de préciser ce qu’un savant est autorisé

    vant n’est pas tenu de m’accorder que je suis compétent et bien renseigné ; il a au moins le droit de prendre connaissance de visu des lieux où l’expérience a été faite et des circonstances et conditions qui ont pu en fausser les résultats, car on peut être de bonne foi et n’avoir pas le sens critique exercé. Sans doute parmi les savants il en est, et d’illustres qui affirment avoir constaté des phénomènes du genre de ceux dont j’ai été témoin ; mais ils ne prétendent pas que les autres soient obligés de les croire réels sans y avoir eux-mêmes assisté ; ils se bornent à convier leurs confrères à contrôler leurs expériences. Ceux-ci, j’entends ceux qui sont membres de sociétés anciennes d’une autorité universellement reconnue, telles que, en France, l’Académie des sciences et l’Académie de médecine, en Angleterre, la Société Royale de Londres, ne se prêtent pas volontiers à ce contrôle. Ils ont, pour s’y refuser, des motifs qu’on peut discuter ; je me borne à mentionner le fait.

    » Il ressort de ces divisions qu’une étude scientifique, organisée de telle sorte que les résultats en soient capables de faire autorité pour tous, s’impose si l’on veut mettre fin à un état de choses dangereux pour le progrès des connaissances positives et même pour l’équilibre mental d’un nombre croissant de curieux impatients et de novices livrés aux interprétations les plus téméraires des phénomènes psychiques. Il importe que ces phénomènes ne soient pas abandonnés plus longtemps à une expérimentation parfois frauduleuse et le plus souvent instituée sans les précautions requises pour qu’elle soit inattaquable… »

    Sully Prudhomme.