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L’AU DELA ET LES FORCES INCONNUES

de son maître à la main. Je trouvai, dans sa chambre à coucher, le poète des Noces corinthiennes, en veston d’intérieur et une petite toque pourpre sur la tête. Il était en proie à son barbier.


— Vous voyez un disciple de Condillac, me dit M. Anatole France, tandis que la caresse de l’acier chassait sur les joues la mousse blanche. Je crois que la sensation est l’origine de toutes nos connaissances ; et si vous me dites, comme Candide : « il n’y a plus de disciple de Condillac », je vous répondrai, comme Martin : « Il y a moi. » Ce qui ne m’a pas empêché de goûter infiniment votre enquête.

Le figaro ayant achevé sa tâche, M. Anatole France se rapprocha du feu et continua :

— Je vais vous confier quel événement m’a empêché à tout jamais de devenir un mystique. J’étais alors un très petit enfant et j’habitais le 15 du quai Malaquais. Je revois encore le lit à colonnettes où l’on me couchait le soir. Avant de m’endormir, je distinguais toutes les nuits, se profilant contre la muraille, certains person-