Page:Bois - L’Au delà et les forces inconnues.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
L’AU DELÀ ET LES FORCES INCONNUES

pas lui demander de faire la part des hommes qui sont faillibles et des idées qui peuvent, malgré ceux qui les adoptent, être généreuses et belles. Une certaine ignorance, surtout en ce qui concerne la tradition, sied à l’anarchiste. On s’est beaucoup plu à comparer la doctrine des « compagnons » avec le christianisme primitif. Cependant, il y a cette différence que les premiers chrétiens ne moururent que pour avoir renversé des idoles, tandis que les anarchistes, martyrs eux aussi si l’on veut, ne furent immolés qu’après avoir eux-mêmes tué ou essayé de tuer des êtres vivants. Ce qu’il y a de vrai dans cette comparaison assez arbitraire, c’est que l’anarchie en arrive à être à son tour un certain mysticisme malgré les allures positives qu’elle tâche de prendre et qu’ensuite, malgré ses éclats et ses violences, elle rêve comme bases de la société future la fraternité et l’amour.

Le compagnon Jean Grave m’a semblé entre tous plus susceptible d’impartialité par l’élévation morale de ses théories et sa répugnance pour les actes de destruction brutale. Un de ses livres préfacié avec éloquence par M. Octave Mirbeau restera comme le monument le plus respectable jusqu’ici de la mentalité anarchiste.