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apportées, on ne peut croire les regrets qu’eurent nos habitans, de la perte de leur Seneschal, qu’ils aimoient uniquement, et qui faisoient tant d’estat de son courage, qu’au moindre signal qu’il donnoit, ils estoient tous en armes à ses costez pour le suivre partout : il les gagnoit par une certaine familiarité, avec laquelle il s’accommodoit à tous, en sorte qu’ils estoient ravis de combattre sous un chef, dont ils faisoient une estime merveilleuse, et avec raison.

« Monsieur le Duc d’Espernon l’avait considéré en France, puisqu’à l’aage de dix-neuf à vingt ans, sortant de l’Académie ; il l’avoit honoré de l’Enseigne Colonelle du Regiment de Navarre, dans lequel et dans celuy de Picardie ayant servy en Flandres trois ou quatre campagnes ; il ne voulut point se séparer de Monsieur son père, que le Roy envoyait Gouverneur en la Nouvelle-France, où ce brave Gentilhomme a rendu des preuves de sa vertu, donnant des marques de sa generosité jusques au dernier soupir.

« En suite de cette nouvelle, le desordre se tint de tous costez, et le decouragement laissoit presque tout en proye à l’ennemi, qui, comme maistre de la campagne, bruslait, tuoitet enlevoit tout avec impunité… »

Cette incursion des barbares fut une de leurs dernières ; aussi leur avait-elle coûté bien cher.