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Charles de Lauzon, sieur de Charny, était fils du gouverneur de la Nouvelle-France, Jean de Lauzon. Il arriva au pays en octobre 1652, fut grand maître des eaux et forêts de la Nouvelle-France, et gouverneur par interim de la colonie jusqu’en septembre 1657, avec le titre de commandant général, place qu’en partant pour la France il remit à M. Louis d’Aillebout qui se maintint à la tête de l’administration jusqu’à l’arrivée de M. le vicomte d’Argenson, le 11 juillet, 1658. Étant repassé en France à cette époque, il s’enrôla dans la milice du sanctuaire et fut ordonné prêtre en 1659. À la demande de monseigneur de Laval, il revint cette année même au Canada.

Jean de Lauzon, le sénéchal, était aussi un des fils du gouverneur Jean de Lauzon que nous venons de mentionner, et qui fut, à sa propre demande, appelé par le roi de France, à l’administration de cette colonie dont il avait les intérêts à cœur. Le Sénéchal avait servi dans le régiment de Guienne, ou de Navarre, et dans celui de Picardie, avant de se rendre au Canada avec son père. Il fut revêtu de la charge de Sénéchal[1] qu’il exerça

  1. Les Sénéchaux étaient appelés baillis en certains lieux. Ils administraient la justice au nom des ducs, qui s’étaient emparés du pouvoir et de l’administration de la justice, mais qui ne la voulait rendre à personne. Les lois de France attribuèrent aux Sénéchaux et juges ordinaires, la connaissance des cas royaux et des causes d’appel. Ils succédèrent donc à l’autorité des ducs et des comtes, qui avaient l’administration de la justice et des finances, et jugeaient en dernier ressort jusqu’au temps où les parlements furent rendus sédentaires. Les rois craignant qu’ils n’usurpassent l’autorité comme les ducs, leur ôtèrent le maniement des finances, en nommant des intendants, des gouverneurs. On leur laissa, néanmoins, la conduite de l’arrière-ban, pour marque de leur ancien pouvoir. L’exercice de la justice passa à leurs lieutenants. Il ne leur restait plus au temps où il s’agit ici, que l’honneur de séance à l’audience, et celui de voir les sentences, les jugements, etc., se porter en leurs noms. Le Sénéchal était le juge en cette colonie. La juridiction passa partie au Conseil supérieur en 1663, et partie aux mains de l’Intendant, nous dit le R. P. de Charkvoix. (Histoire de la Nouvelle-France, tome III, p. 113.)