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rand). Elle était née en France. Malgré l’état avancé de la saison (on était en automne), malgré le surcroît de travail auquel la sœur Marguerite Bourgeois était obligée de se livrer, pour le rétablissement de sa communauté, malgré l’incertitude des moyens d’existence que les deux pieuses filles devaient trouver à Sainte-Famille, leur digne supérieure n’hésita cependant pas à se séparer de deux compagnes utiles et qui auraient pu lui être d’un grand secours, pour les envoyer là où la Providence les appelait.

Sur le désir de Monseigneur de Saint-Valier, évêque de Québec, elle céda aux sollicitations de M. Lamy, curé des paroisses de Sainte-Famille et de Saint-François, et les deux bonnes sœurs se mirent immédiatement en route pour le lieu de leur destination. « C’était à la Saint-Martin, dit elle-même la sœur Barbier, il faisait froid et nous n’avions pour nous deux qu’une couverture qui ne valait presque rien, très peu de linge, point d’autres hardes que ce qui pouvait nous couvrir fort légèrement. Pour moi, je n’avais qu’une demi-robe et le reste à proportion. Nous pensâmes geler de froid dans ce voyage, et j’étais parfaitement contente de ce que je commençais à souffrir.

« À notre arrivée à Québec, nous ne manquâmes pas d’humiliations ; tout notre avoir était un petit paquet que