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ou les rives de l’Eurotas qui émurent jadis la sensibilité des poètes. Nous savons, d’ailleurs, que le plus beau ciel a ses orages, et le rivage le plus riant ses tristesses et sa mélancolie. Mais sans dépasser les limites du réel, et du vrai, nous croyons que les douceurs, les charmes et les plaisirs variés qu’offre le séjour de l’île d’Orléans, en font un des points les plus agréables de notre province. Sans être un Bernardin de Saint-Pierre, si passionné pour les frais paysages, et les vallons fleuris, ni un Delisle, qui donnait à croire que l’Olympe enviait à la terre ses riantes verdures :

Ô champs de la Limagne !
Ô champs aimés des Dieux !

il faut avouer qu’à la campagne plus qu’ailleurs, brille la grandeur et la puissance de Dieu, et que, comme le dit un adage anglais : la campagne plutôt que la ville est l’œuvre du Créateur :

God made the country, and man made the town

Avant la cession du pays, les seigneurs français, ou plutôt les bourgeois et les rentiers de la capitale, allaient passer à l’île d’Orléans la belle saison. C’était là que se réfugiaient, pendant les chaleurs de la canicule, bon nombre de citadins, qui n’avaient pas de manoirs aux environs de Québec.