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marchés, et ceux que chaque famille gardait pour son usage et pour sa provision. Mais, peu à peu, les vastes érables tombèrent sous la cognée du bûcheron ; le désir de réaliser une somme plus ronde, en vendant son bois, avait poussé l’impitoyable cultivateur (durus aratox) à cet acte de destruction.

On fit passer triomphalement la charrue entre les troncs, dépouilles des géants de la forêt, et à l’endroit même où s’élevait depuis un temps immémorial l’antique cabane à sucre, on vit croître et mûrir de copieuses moissons. Assez souvent, cependant, ces terres, dépouillées d’arbres, ne compensèrent pas, par l’abondance de leurs produits, la perte qu’on avait faite en détruisant une vieille sucrerie. On sait, en effet, qu’en faisant disparaître les bois, on dessèche trop vite une terre, qui se trouve alors privée des rosées qu’ils appellent sur le sol, et trop exposée aux ardeurs du soleil ou à l’inclémence des vents.