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Écoutons encore le récit d’un témoin oculaire. C’est leur infatigable missionnaire, le pieux Joseph-Marie Chaumonot, prêtre de la compagnie de Jésus, qui leur a rendu de si importants services :

« … J’avais passé onze ans au pays des Hurons avant qu’il fut détruit par les Iroquois. Le Supérieur, voyant le peu de sauvages, qui avaient échappés aux ennemis, eut la charité de les inviter à descendre à Québec. Rendu en cette ville, on me donna le soin de ces pauvres étrangers. J’y hivernai avec eux et au printemps je les conduisis à l’île d’Orléans sur les terres de notre compagnie. Ils y abattirent du bois, semèrent du bled d’inde qui vint à merveille. On paya des Français pour leur aider. De plus, nous avions à nourrir tous ces sauvages, auxquels nous donnions chaque jour une quantité plus ou moins grande de potages au riz, au blde d’inde et à la viande, selon qu’ils avaient travaillé à leur défrichement. Quelques-uns murmurèrent d’abord, pensant que nous voulions faire défricher nos terres pour les retirer ensuite ; mais ils ne tardèrent point à comprendre que, puisque nous les avions habillés et nourris tout l’hiver à Québec, et puisqu’on leur avait partagé même ce que nous avions de terre faite, nous ne voulions pas les déloger. Alors ils nous chargèrent de bénédictions. La seconde année ils nous remercièrent de leur avoir montré à travailler, et recueillirent du ble-d’inde autant qu’ils en avaient coutume d’en récolter en leur pays. »

Les dépenses, auxquelles l’établissement de ces pauvres