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sans doute rapidement dès que cette nouvelle organisation serait suffisamment connue du public. L’Esperanto, en effet, est déjà enseigné dans un certain nombre de nos établissements, lycées, collèges, écoles primaires supérieures ou élémentaires, avec l’autorisation des inspecteurs d’Académie et des recteurs, souvent à la demande des municipalités. Pour développer cet enseignement d’une façon régulière, il suffirait, croyons-nous, de décider : 1o que l’Esperanto figurera dans les divers programmes d’examens qui comportent déjà des langues vivantes, brevet supérieur, baccalauréats, etc., simplement comme langue facultative, additionnelle et complémentaire, sur laquelle le candidat pourra demander à être interrogé, les points obtenus en Esperanto entrant en ligne de compte comme appoint ; 2o que l’Esperanto sera enseigné, autant que possible, par les professeurs de langues vivantes déjà chargés de l’enseignement de l’anglais, de l’allemand, etc. L’Esperanto, en effet, comme beaucoup d’entre eux ont pu déjà s’en rendre compte, est moins une langue nouvelle qu’une synthèse des langues romanes et des langues germaniques adaptée à l’usage international des peuples civilisés. Il représente donc pour tous ceux qui connaissent déjà ces langues, même partiellement, un minimum d’effort supplémentaire qui, selon la juste remarque de Tolstoï, est plus que compensé par l’importance des profits qu’on en peut attendre.

Quelques avantages que l’étude de l’Esperanto puisse apporter à tous les ordres d’enseignement, c’est surtout, à notre avis, l’enseignement primaire qui est appelé à en retirer les plus appréciables bénéfices. Jusqu’ici, en effet, cet enseignement était à peu près exclu de la connaissance des langues vivants, aussi bien d’ailleurs que des langues mortes, et borné à la seule étude de la langue maternelle. Or le peuple n’a-t-il pas besoin, tout comme la bourgeoisie, de moyens de communication internationale ? Mais pour apprendre l’anglais ou l’allemand, il faut consacrer à cette étude de nombreuses années, à moins qu’on aille faire un plus ou moins long séjour à l’étranger, ou qu’on ait des nourrices, des gouvernantes étrangères pour apprendre ces langues dès le berceau. Ces dépenses de temps et d’argent ne sont à la portée que d’un petit nombre. L’Esperanto, qui au prix de quelques mois d’études, supprime les barrières linguistiques entre tous les