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bon usage ; frappé de ce défaut essentiel, j’ai en soin de séparer l’or pur de l’alliage, jai signalé les fautes qui ont échappé à nos plus grands Écrivains, et qui sont, il n’en faut pas douter, une des principales causes de la corruption du style. J’ose donc me flatter que mon travail sera utile non seulement au Public éclairé, mais encore à tous les Professeurs qui sont appelés à donner un jour à l’État des Orateurs distingués et de célèbres Écrivains. C’est à eux qu’il appartient de ramener la langue à ses vrais principes (des Écrivains mercenaires la défigurent tous les jours par leur style de tréteaux), d’en faire sentir les beautés sans nombre, et sur-tout de fixer, d’une manière invariable, les règles qui constituent le langage français.

Qu’il me soit permis de consigner dans cette deuxième édition la fin du Rapport que fit, il y a quelques années sur mon ouvrage, M. l’abbé Sicard, dont le suffrage est d’un si grand poids auprès des sçavants et des gens de bien. « On trouvera peut-être un peu de diffusion dans cette Grammaire : elle m’a paru plutôt une suite de conférences d’un Professeur avec ses élèves, que le résultat de ces conférences. Mais ce reproche même doit tourner à l’honneur de M. Boinvilliers ; il prouve évidemment qui, possède le talent si rare aujourd’hui de l’enseignement, et l’on sçait combien il est précieux dans un homme qui par zèle et par goût, a consacré sa vie et ses travaux aux fonctions si recommandables et si touchantes de professeur public. M. Boinvilliers mérite sur-tout de vrais éloges pour tout ce qu’il a dit de l’emploi de la négation, pour avoir tracé d’une main ferme et sûre toutes les règles de la Syntaxe. On doit compter pour rien, en faveur de ce que cette Grammaire renferme de neuf, de vrai de juste et de raisonnable, ce que j’ai pu blâmer et ce qui pourait être échappé à cet examen impartial. Cet esti