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l’action (aimant) ; le second nous le présente comme souffrant l’action (aimé.) Dans ces vers, par exemple :

Quand l’aube rougissant les portes matinales,
Fait briller de son teint les couleurs virginales,
Dépouillé de vapeurs tout le lac étincelle,
Il embellit l’aurore et s’embellit par elle.

Les mots rougissant et dépouillé sont deux participes qui servent à qualifier les substantifs aube, f. et lac, m. Le premier présente l’aube comme fesant l’action de rougir ; c’est pourquoi il est participe présent : le second présente le lac comme souffrant l’action du dépouillement : c’est pourquoi il est participe passé [f].

Participe présent.

Le Participe présent est toujours implicitement renfermé dans les mots qu’on appelle verbes, tels que aimer, lire, avoir, battre, finir, rendre, chanter, etc. ; en effet, ces mots signifient être aimant, être lisant, être ayant, être battant, etc. J’appelais signifie j’étais appelant ; nous finissons signifie nous sommes finissant ; tu auras signifie tu seras ayant ; je chanterais signifie je serais chantant, etc. Au moyen de ces contractions, le discours est devenu tout à la fois moins fastidieux et plus concis. C’est ce qu’a fort bien développé en ces termes le sçavant auteur du Monde primitif. « Le verbe Être a-t-il dit, se trouvait dans tous les tableaux de la parole et celle-ci en devenait trop monotone. On chercha un remède à cette monotonie ; on l’eut bientôt trouvé. Ce