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et des honneurs, je peux dire : ceux-ci sont recherchés par les ambitieux, et celles-là font le tourment des avares.


LE VERBE.

Le Verbe est le mot par excellence[1] ; il est ainsi appelé parce qu’il donne la vie au discours : c’est le second signe de nos idées. Le Verbe est à la phrase ce que la clé est à la voûte ; il en lie les parties, il leur communique une heureuse solidité : ôtez la clef d’une voûte, l’édifice tombe ; ôtez le Verbe d’une phrase, il n’y a plus de sens.

Il n’y a véritablement qu’un Verbe : c’est le mot Être, qui attache au substantif une idée vague d’existence. Les autres mots, qu’on a appelés jusqu’ici verbes, ne sont que des mots contractés du verbe Être et d’un participe présent, c’est-à-dire des mots qui attachent à un substantif une idée vague d’existence, et une autre idée qui la détermine. Tels sont : aimer, lire comprendre, travailler, battre, etc. etc. qui signifient être aimant, être lisant, être comprenant, être travaillant, être battant, etc. etc. d’où il suit que, dans ces mots aimer, lire, comprendre, etc. il y a un seul terme mais deux idées.

Être.

On doit regarder le Verbe, c’est-à-dire le mot Être, comme le second signe de nos idées ; en effet, lors même que je dis « un Dieu puissant gouverne cet univers », c’est comme si je di-

  1. Mot se dit en latin Verbum.