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vier aux autres ; le roi qui nous gouverne, est ami de la sagesse et de la justice ; je détermine, dans ces deux cas, l’idée que présente chacun des deux substantifs homme et roi, en l’appliquant, ici, au mortel seul qui cultive en paix les beaux-arts, là, au seul monarque qui nous gouverne.

Article indéfini.

L’Article indéfini est celui qui donne au substantif commun un sens restreint et indéterminé. Cet article est un qui fait au féminin une. Si je dis, par exemple : Un roi doit veiller au salut de son peuple ; je donne au substantif commun roi une acception qui est restreinte et indéterminée.

L’article indéfini n’a pas de pluriel.

Voici la différence remarquable qui existe entre un et le[1]. — Un sert à désigner les objets comme inconnus ; le désigne les objets comme déjà connus. Un laisse l’objet indéterminé et le généralise ; le détermine l’objet et le particularise. L’exemple suivant éclaircira ce précepte : Je vois paraître un homme que je n’ai jamais vu ; je me dis, « Voici un mendiant avec une longue barbe ». Cet homme s’en va, et revient quelque temps après. Je le reconnais à sa longue barbe, et je dis « Voici le mendiant à la longue barbe ». Un se rapporte, comme on le voit, à notre première perception, et le exprime une seconde perception.

  1. Cette différence entre le et un est empruntée du célèbre écrivain Harris, auteur d’Hermès, excellent ouvrage traduit de l’anglais par M. Thurot.