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Exemple de la proposition elliptique.

« Catilina, nous renfermons ce décret dans nos regîtres, comme une épée dans son fourreau ».

Nous renfermons ce décret dans nos regîtres. Voilà une proposition pleine et entière ; mais la proposition suivante, « comme une épée dans son fourreau », est elliptique, parce qu’on y sous-entend on renferme, « comme on renferme une épée dans son fourreau ».

Séparateur

Bien des personnes ont coutume de confondre la proposition avec la phrase ; il y a néanmoins cette différence essentielle entre la proposition et la phrase, que la première est l’énoncé d’un seul jugement, sans qu’il en résulte nécessairement un sens complet : au lieu que la seconde est l’énoncé d’un ou de plusieurs jugements, dont il résulte nécessairement un sens complet. Si, par exemple, je dis :

« Sous ces bois inspirants coule-t-il un ruisseau,
« L’émotion redouble à ce doux bruit de l’eau,
« Qui, dans son cours plaintif qu’on écoute avec charmes,
« Semble à la fois rouler des soupirs et des larmes ».

Il n’y a qu’une phrase dans ces quatre vers ; mais cette phrase renferme quatre propositions distinctes, qui sont 1o. un ruisseau coule ; 2o. l’émotion redouble ; 3o. on écoute ; 4o. elle semble. « Un ruisseau coule, c’est-à-dire, un ruisseau est coulant ; ruisseau (sujet), est (copule),