Page:Boinvilliers - Grammaire raisonnée, tome 1.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amenées par les sensations que j’éprouve successivement, sont autant de Propositions, soit que je les profère, soit que je les écrive. La Proposition est donc un jugement écrit ou parlé, une chose mise en avant. — Le mot Proposition tire son origine du mot latin proponere (mettre en avant).

La Proposition se compose de trois termes : le Sujet, la Copule[1] et l’Attribut. Le sujet est la chose à juger, l’objet de notre jugement. La copule est le terme qui exprime l’existence ou la non existence du sujet. L’attribut désigne la qualité, la nature du sujet. Par exemple, dans la dernière des propositions que j’ai citées : le murmure des eaux est enchanteur, murmure est le sujet, la chose à juger ; est, voici la copule ; enchanteur est l’attribut. Il arrive très souvent que la copule et l’attribut sont fondus ensemble, comme dans cette autre proposition le murmure des eaux enchante ; mais le Grammairien, à l’analyse duquel rien n’échappe, voit deux termes dans le seul mot enchante ; ces deux termes fondus en un seul sont ceux-ci : est enchanteur (le murmure des eaux est enchanteur). Quelquefois même le sujet, la copule et l’attribut sont représentés par un seul mot, comme dans cette proposition : Admirez. Le Grammairien y voit trois termes, qui sont : vous, soyez admirant (vous, sujet ; soyez, copule ; admirant, attribut.)

Observation. Il y a rigoureusement, dans la

  1. Copule signifie lien, union.